Les ministres des Finances de la zone euro sont attendus mardi à Bruxelles pour s’accorder sur le déblocage d’un nouveau prêt à la Grèce et sur l’allègement de la dette grecque, que le FMI veut sans contrepartie.
Le Fonds monétaire international a encore accentué la pression sur les Européens à la veille de cette réunion en publiant un document réclamant une réduction sans condition de ce fardeau –le plus élevé de tous les pays de la zone euro, proche de 180% du Produit intérieur brut (PIB) grec–.
C’est « essentiel pour fournir aux marchés un signal fort et crédible sur l’engagement des créanciers institutionnels à rendre la dette plus viable, ce qui en soi pourrait contribuer à faire baisser les coûts de financement », a martelé le Fonds.
Le FMI estime aussi que les mesures de réduction de la dette doivent être importantes jusqu’en 2040 et se prolonger jusqu’en 2060 compte tenu de la faible probabilité que la Grèce puisse connaître une forte croissance et enregistrer un excédent budgétaire sur la période. La publication de ce document du FMI intervient au moment où des divergences apparaissent entre l’institution internationale et certains pays européens, dont l’Allemagne –premier créancier d’Athènes–, sur les mesures de réduction de dette dont doit bénéficier la Grèce. Le FMI estime que ces dispositions doivent être décidées immédiatement alors que Berlin souhaite qu’Athènes montre sa détermination à appliquer les mesures d’austérité économique avant de s’engager plus en avant sur ce point. En clair: que des mesures d’allègement de la dette grecque n’aient lieu qu’à partir de 2018, soit à la fin du troisième plan d’aide conclu dans la douleur l’été dernier, mais surtout une fois passées les élections législatives en Allemagne prévues en 2017.
Interrogé par l’AFP sur le nouveau document du FMI, un porte-parole du ministère allemand des Finances n’a pas souhaité commenter ce papier de 22 pages. Le FMI, associé aux discussions des Européens sur la Grèce, n’a toujours pas décidé s’il contribuerait financièrement au troisième plan de sauvetage portant sur des prêts d’un total de 86 milliards d’euros. L’équation est d’autant plus difficile à résoudre pour les Allemands que ces derniers comptent absolument sur la participation du FMI au plan d’aide, notamment pour son expérience en matière de sauvetage.
Outre les débats qui s’annoncent animés sur l’allègement de la dette, les ministres de la zone euro doivent décider mardi du déblocage d’une nouvelle tranche de prêts à Athènes. Le pays en a besoin notamment pour faire face à une échéance de remboursement de quelque 2,2 milliards à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet.
Le montant du déboursement de la part des créanciers n’a pas été encore arrêté. Selon des sources européennes, il devrait osciller entre 9 et 11 milliards d’euros. Athènes aurait en tous les cas accumulé près de 7 milliards d’euros de factures impayées, d’après ces mêmes sources.
« J’espère et je souhaite un accord lors de l’Eurogroupe de mardi », a déclaré lundi le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse à Paris.
« Les conditions sont largement réunies », a-t-il plaidé, estimant que la Grèce avait franchi une « étape clef » dimanche. Le Parlement grec a en effet adopté un projet de loi prévoyant un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire et des mesures supplémentaires pour accélérer les privatisations et augmenter les taxes indirectes.
Des décisions impopulaires contre lesquelles avaient manifesté plus de 10.000 personnes ce week-end à Athènes où tous les transports publics avaient été bloqués. Mais elles étaient, après la réforme des retraites adoptée début mai, l’ultime effort réclamé aux Grecs par leurs créanciers pour le déblocage de nouveaux prêts et la relance des discussions sur la dette.
AFP