Le FMI a accentué jeudi sa pression sur les Européens en les exhortant à accorder à la Grèce une « longue » période de grâce sur sa dette et à épargner au pays de nouvelles mesures d’austérité.
Les recommandations du Fonds monétaire international tombent à un moment crucial: Athènes et ses créanciers se retrouvent dans moins d’une semaine, le 24 mai, avec l’espoir d’un accord sur la reprise du plan d’aide accordé à l’été dernier par la zone euro mais bloqué depuis plusieurs mois.
Le FMI a été associé aux récentes discussions mais n’a toujours pas décidé s’il contribuerait financièrement à ce nouveau plan de sauvetage, le troisième accordé à la Grèce depuis 2010, et attend d’avoir des certitudes sur la viabilité de la dette grecque. « Pour que le FMI participe financièrement, des mesures crédibles et un allègement de dette substantiel sont requis », a réaffirmé jeudi le porte-parole du FMI Gerry Rice lors d’une conférence de presse.
La question de la dette est sans doute la plus épineuse, plusieurs pays européens dont l’Allemagne se montrant particulièrement réticents à accorder une faveur à Athènes.
Selon le FMI, l’effort requis sera pourtant substantiel. « Il est possible de rétablir la viabilité de la dette sans +haircut+ (effacement des créances, ndlr) mais cela implique d’accorder des prêts à des conditions très favorables, notamment par une longue période de grâce et de maturité et de très bas taux d’intérêts », a assuré M. Rice. Il s’est refusé à donner plus de détails même si plusieurs médias ont récemment évoqué une suspension des remboursements grecs à l’Europe jusqu’à 2040, au plus tôt.
Après des semaines d’hésitation, les ministres des Finances de la zone euro se sont résolus fin avril à lancer les discussions sur la dette qui s’annoncent particulièrement épineuses. Berlin a ainsi prévenu jeudi qu’un allègement ne saurait débuter qu’après 2018, une fois achevé le programme d’aide actuel mais surtout après les élections législatives allemandes de 2017.
En attendant, le FMI a évoqué jeudi une option complémentaire afin d’alléger la dette grecque, qui représente environ 180% de son produit intérieur brut: le rachat par les Européens des 14,5 milliards d’euros d’obligations grecques détenues par le FMI, dont les taux d’intérêts sont plus élevés.
Echanger de la dette pour que son coût soit moins élevé pour la Grèce serait « judicieux », a estimé M. Rice tout en reconnaissant qu’une telle décision était du ressort exclusif des Européens.
Les nouvelles mesures d’économie réclamées à Athènes pour que l’aide européenne reprenne font encore débat au FMI, a par ailleurs affirmé M. Rice. « Nous sommes toujours en train d’évaluer les réformes et d’exprimer notre opinion », a dit le porte-parole.
Un des principaux points de contentieux réside dans les objectifs assignés par la zone euro, notamment de parvenir à un excédent primaire (hors charge de la dette) de 3,5% du PIB en 2018 et de le maintenir pendant plusieurs années. « Ce n’est pas réaliste de garder ce niveau pendant plusieurs décennies (…) cela impliquerait trop d’austérité », a assuré M. Rice. La Grèce est plongée dans la récession depuis 2008.
Tenu pour responsable par Athènes de la cure d’austérité imposée au pays depuis 2010, le FMI assure être désormais opposé à des mesures trop douloureuses d’assainissement des finances. « Nous ne voulons pas plus d’austérité pour la Grèce et nous ne voulons certainement pas que le fardeau repose trop sur les pauvres et plus vulnérables », a assuré M. Rice.
Souvent accusé d’intransigeance par Syriza, le parti de gauche radical au pouvoir à Athènes, le FMI a par ailleurs assuré poser ses exigences pour assurer un traitement équitable de ses Etats-membres.
Ces conditions « assurent une uniformité de traitement de nos Etats-membres », a expliqué M. Rice. Le FMI cherche à refermer un chapitre qu’il avait ouvert en 2010 en modifiant spécialement ses règles pour prêter massivement à la Grèce. « Le FMI est flexible mais nous avons un travail à faire », a affirmé le porte-parole. Le FMI a accentué jeudi sa pression sur les Européens en les exhortant à accorder à la Grèce une « longue » période de grâce sur sa dette
AFP