Le président russe Vladimir Poutine a ouvert la voie, via un décret publié mardi, à la privatisation du groupe pétrole Bachneft, dont l’Etat russe avait repris le contrôle il y a moins de deux ans à l’issue d’une procédure judiciaire controversée. Le document exclut Bachneft – qui a réalisé un chiffre d’affaires de plus de huit milliards d’euros en 2015 – de la liste des entreprises « stratégiques », rendant possible la vente de la participation de 50% que détient l’Etat russe.
Le gouvernement souhaite effectuer cette vente dans le cadre de son plan de privatisations censé compenser les pertes pour le budget de la chute des prix du pétrole. La vente de participations minoritaires dans le géant pétrolier Rosneft, le producteur de diamants Alrosa ou encore la banque VTB sont aussi envisagées.
Basée à Oufa (sud), Bachneft était contrôlé par la holding AFK Sistema du milliardaire Vladimir Evtouchenkov. Mais des poursuites ont été lancées contre l’homme d’affaires en septembre 2014 en raison de soupçons de malversations lors de la privatisation de l’entreprise au début des années 2000.
Son arrestation avait fait trembler les milieux d’affaires qui avaient craint de revivre l’affaire Ioukos, compagnie pétrolière démantelée dix ans plus tôt après l’arrestation de son patron, l’opposant Mikhaïl Khodorkovski. Si les poursuites contre M. Evtouchenkov ont fini par être abandonnées, la justice a prononcé fin 2014 la restitution de Bachneft à l’Etat qui souhaite désormais s’en défaire pour renflouer son budget.
Le ministre de l’Economie Alexeï Oulioukaïev a jugé mardi, cité par les agences russes, que la vente de la participation de 50% détenue par l’Etat était « techniquement possible au premier semestre ». Le numéro deux russe du pétrole Loukoïl a fait part de son intérêt pour l’opération et est cité par la presse comme le favori même si d’autres sociétés auraient fait part de leur intérêt.
Bachneft a dégagé en 2015 un bénéfice net de 58,2 milliards de roubles (790 millions d’euros au cours de mardi), en hausse de 35%, pour un chiffre d’affaires de 611 milliards de roubles (8,3 milliards d’euros), en baisse de 4%. Sa production a fortement augmenté ces dernières années alors que celle de la plupart des autres grandes entreprises du pays ont vu leur croissance se tasser. Elle s’élevait au quatrième trimestre 2015 à 416.000 barils par jour en moyenne.
AFP