AccueilActualitéInternationalEn Chine, la production industrielle ralentit, le sursaut économique s'essouffle

En Chine, la production industrielle ralentit, le sursaut économique s’essouffle

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La production industrielle chinoise a ralenti bien plus fortement qu’attendu en avril, plombée par l’essoufflement des industries lourdes en sévères surcapacités, a annoncé samedi le gouvernement, confirmant la fragilité du récent sursaut enregistré par la deuxième économie mondiale.

Le géant asiatique a vu sa production industrielle grimper le mois dernier de 6% sur un an, selon le Bureau national des statistiques (BNS), un taux très en-deçà de la progression de 6,5% qu’attendaient les analystes sondés par l’agence Bloomberg. La production industrielle avait fortement accéléré en mars (+6,8%), à la faveur de mesures de soutien gouvernementales et d’une reprise du marché immobilier. L’embellie se sera avérée éphémère.

Le BNS a insisté sur le fléchissement de la demande extérieure (les exportations chinoises ont trébuché en avril), le déclin de la production minière, mais surtout la morosité de pans entiers de l’industrie, comme la sidérurgie, minés par les surcapacités.

Après avoir gonflé contre toute attente en mars, la production d’acier chinoise a de nouveau reflué sur un an en avril. De leur côté, les ventes de détail, baromètre des dépenses des ménages, demeurent robustes mais ne sont pas épargnées: elles ont progressé de 10,1% sur un an en avril, en net ralentissement et très en-dessous des prévisions.

Dans l’ensemble « le ralentissement marqué de la production industrielle montre que la stabilisation de l’économie – évoquée le mois précédent – n’est pas aussi robuste que ce qu’on imaginait », a déclaré à l’AFP Liao Qun, analyste de Citic Bank International.

« Après le vigoureux rebond économique de mars, on assiste à une sorte de correction », a-t-il averti.

Sur les quatre premiers mois de 2016, les investissements en capital fixe, reflet des dépenses publiques dans les infrastructures, ont eux progressé de 10,5%, accusant une décélération sensible.

Fruit des efforts de relance de Pékin, les signaux encourageants s’étaient multipliés en mars: rebond spectaculaire des exportations, vive accélération de la production industrielle et reprise des prix immobiliers. Mais cette amélioration – dopée par la dépense publique et une alarmante embardée du crédit – restait précaire, et les salves de statistiques moroses publiées ces derniers jours confirment la fragilité persistante de la conjoncture.

Ainsi, l’activité manufacturière (indice Caixin) s’est contractée de façon encore plus prononcée en avril, les exportations ont replongé, tandis que les importations continuaient de s’enfoncer, reflet d’une demande intérieure toujours terne.

La transition engagée par la Chine -en faveur du marché, des services et de la consommation intérieure – s’avère douloureuse et chaotique, en particulier pour les industries lourdes, non rentables et fortement endettées.

Pire, en multipliant les assouplissements monétaires pour stimuler l’économie, les autorités ont encouragé une envolée du crédit, dont résulte aujourd’hui une inquiétante montée des créances douteuses et des risques de déstabilisation financière. A cet égard, Pékin semble désormais plus prudent: le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste, a mis en garde lundi contre les dangers d’un « haut niveau d’endettement », susceptible de mener à une crise financière, voire à la récession.

Signe d’un soudain durcissement, les prêts bancaires se sont effondrés en avril par rapport à mars.

Pour autant, soucieuses d’éviter un atterrissage économique brutal et de désamorcer les risques d’agitation sociale, les autorités devraient maintenir un soutien ostensible à l’activité, tempérent certains analystes.

Comme « tous les moteurs de l’économie ont brusquement calé » en avril, « le durcissement de politique pourrait être un phénomène de court terme », souligne ainsi Zhou Hao, expert de Commerzbank, cité par Bloomberg. La banque centrale (PBOC) a elle même assuré samedi qu’elle continuerait d’adopter « une politique monétaire prudente, flexible et appropriée » pour soutenir « une croissance économique stable ».

AFP

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