La Banque Mondiale (BM) à Washington a publié mardi un nouveau rapport sur l’impact du changement climatique sur l’économie. Constat : certains pays, notamment du Moyen Orient et du Sahel, devraient connaître un recul du PIB de l’ordre de 6%, être sujets aux migrations et au déclenchement de conflits, et ce, du fait de la raréfaction accrue des ressources en eau.
« Notre analyse montre que si les pays ne prennent pas de mesures pour mieux gérer les ressources en eau, certaines régions fortement peuplées pourraient connaître de longues périodes de croissance économique négative », déclare l’auteur du rapport et économiste principal à la Banque mondiale, Richard Damania.
Ce rapport, qui se concentre sur les répercussions du changement climatique sur les ressources en eau et l’économie, stipule que les effets combinés de la croissance démographique, de l’augmentation des revenus et de l’expansion des villes entraîneront une hausse exponentielle de la demande d’eau, alors que l’offre de la ressource deviendra plus irrégulière et incertaine.
Ainsi, le rapport affirme que si certains pays ne prennent pas immédiatement des mesures concrètes et structurelles, comme une meilleure planification de l’allocation des ressources en eau, l’adoption d’incitations pour accroître le rendement hydrique et l’investissement dans les infrastructures, même ceux ayant aujourd’hui des ressources abondantes en eau, devraient être fortement impactés par cette pénurie hydraulique généralisée.
La Banque Mondiale met particulièrement en garde le Moyen Orient et le Sahel, des régions qui sont déjà le théâtre de pénuries en eau régulières, arguant que la situation risque de s’aggraver dramatiquement. En raison de l’impact du manque d’eau sur l’agriculture, la santé et les revenus, ces régions pourraient voir leur croissance reculer dans des proportions allant jusqu’à 6% du PIB d’ici 2050.
L’insécurité hydrique : un catalyseur de risques de conflits
« Les pénuries d’eau constituent une redoutable menace contre la croissance économique et la stabilité dans le monde, un problème que le changement climatique vient aggraver », affirme le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim.
L’insécurité hydrique pourrait multiplier les risques de conflit, ajoute le rapport. « Les flambées de prix alimentaires dues aux sécheresses peuvent attiser des conflits latents et entraîner des migrations ». En témoignent l’expérience de certains pays ayant une croissance économique tributaire des pluies, qui ont été marqués par des épisodes de sécheresse et d’inondation qui ont provoqué des vagues de migration et des piques de violence.
« Si les pouvoirs publics répondent à la pénurie d’eau en renforçant l’efficacité et en allouant 25% de la ressource à des usages de grande valeur, l’espoir est permis », conclut M. Damania.