Alejandro Garcia Padilla, gouverneur de l’île de Porto Rico – qui traverse depuis dix une crise de la dette – a annoncé, dimanche 1er mai, que la banque de développement gouvernementale (GDB) ne rembourserait pas une dette de 422 millions de dollars arrivée à échéance.
Lors d’une allocution, le gouverneur de ce territoire 3,5 millions d’habitants, qui a le statut d’Etat, associé avec les Etats-Unis confronté à une gigantesque dette de 72 milliards de dollars, a déclaré : « Face à l’incapacité de répondre aux demandes de nos créanciers et les besoins de notre peuple, je devais faire un choix. J’ai décidé que vos besoins de base étaient plus importants que quoi que ce soit d’autre. » Faisant ainsi référence aux écoles et hôpitaux qui menaçaient de fermer faute de moyens.
Il faut remonter jusqu’en 2006 pour comprendre d’où cette situation tient son origine, lorsque les Etats-Unis décident supprimer les crédits d’impôt octroyés aux entreprises pour les inciter à investir sur l’île. L’arrêt de cette attractivité fiscale a fait fuir des milliers d’emplois et la situation a été catalysée par la crise financière de 2008.
Porto Rico se retrouve alors complètement déstabilisé d’un point de vue économique et doit avoir recours à la dette pour parer à ses déficits financiers. Sans compter que la lenteur du pays à mettre en place des réformes structurelles n’a fait qu’enliser la situation : le coût du travail rend la création d’emploi difficile. Conséquence : bien que le salaire minimum soit aligné sur les Etats-Unis, le revenu médian des ménages demeure inférieur de 65%.
Chaque semaine, plus de 1500 Portoricains fuient l’île pour échapper à la crise économique. Car aujourd’hui, le territoire subalterne aux Etats-Unis creuse l’écart économique et social avec ces derniers : 45 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (contre 16 % dans l’ensemble des Etats-Unis), le chômage dépasse les 12,2 % (contre 5 %).
Cette hémorragie de population ne fait que réduire encore un peu plus des recettes fiscales déjà mal en point. Désormais, environ un tiers de l’impôt prélevé sert à rembourser la dette. Dans ce contexte, l’Etat ne peut plus assurer les services publics de base tout en continuant à rembourser ses créanciers.