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En dépit d’une hausse de 70% en 2015 : La grande distribution, toujours à la traine

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La deuxième édition du Salon international des équipements pour le commerce « Tijara Equip Expo », se déroulera du 18 au 21 avril prochain au Palais des expositions (Pins maritimes) à Alger.  La manifestation sera organisée conjointement par la CACI (chambre algérienne de commerce et d’industrie) et  la SAFEX  (Société Algérienne des foires et des expositions). Selon les organisateurs  « l’objectif du salon est de promouvoir, développer et moderniser le secteur de la distribution et du commerce en Algérie ».

Ces derniers indiquent  que ce salon  « permettra également aux visiteurs, commerçants dans leurs majorité, de rencontrer des exposants nationaux et étrangers d’équipements, de matériels, d’accessoires et d’outillage d’aménagement, d’agencement et de décoration des commerces de détail,  nécessaires à l’exercice de l’activité de commerce et de la distribution ».

Il est attendu des exposants nationaux et étrangers venant notamment de Syrie, de Chine et de la Turquie ». Selon les chiffres fournis par la CACI,  il existe actuellement au niveau national près de 3000 surfaces commerciales dont 2568 superettes, 341 supermarchés et 52 hypermarchés.

Le nombre de ces surfaces est en hausse de 70% comparativement à 2014. Même si la distribution connait une évolution, elle reste insignifiante  vu le nombre d’habitants (40 millions). A titre d’exemple si on compare ce schéma avec celui des pays européens, on constate que cette évolution est très lente voire sans grand impact sur l’économie nationale. La France dispose de 1700 hypermarchés, 9200 supermarchés et 4800 superettes. L’Italie est dotée de 908 hypermarchés, 2958 supermarchés et 3364 superettes.

A rappeler que les grandes surfaces commerciales sont régies par  le décret exécutif n°12.111 du 6 mars 2012.Il faut souligner  que  parmi les conditions de la création de grandes surfaces définies dans le texte suscité, un espace de vente compris entre 300 et 2 500 M2, un parking et  l’obligation de réserver au moins 30% de leur surface de vente à la commercialisation des produits nationaux.  Le développement de la grande distribution reste en deçà des attentes  alors qu’il peut-être un véritable moteur  de croissance pour les entreprises nationales et un instrument de la promotion de la consommation des produits locaux.

La grande distribution, un atout pour le produit national

La grande distribution en Algérie peut jouer un rôle prépondérant dans la conjoncture actuelle notamment pour booster le commerce intérieure, clé de l’économie puisqu’il rassemble l’ensemble des activités qui permettent d’accéder à la consommation. Selon un rapport du ministère du commerce algérien, publié l’année dernière, « la commercialisation des produits locaux par le biais de la grande distribution encourage les producteurs à : augmenter les quantités, améliorer la qualité et à réguler les approvisionnements,  Elle leur permet également d’ améliorer les différents facteurs conditionnant la mise sur le marché (transport, conditionnement, emballage… etc);  développer le marketing pour positionner les produits dans l’univers concurrentiel dans lesquels ils sont mis sur le marché; ajuster les productions à ces nouveaux marchés en termes de  variétés et de périodes de forte demande; améliorer la productivité (en incluant des coûts logistiques réduits) ».

Le document souligne que « le produit national peut se positionner dans la grande surface en assurant ses débouchés, sa compétitivité et sa qualité du fait des avantages qu’elle lui procure, notamment à travers:  les prix abordables qui y sont pratiqués, constituant un atout important et en participant grandement à la protection et la préservation du pouvoir d’achat des citoyens; la promotion de la concurrence et de la compétitivité au niveau des circuits de distribution ». Le rapport assure qu’«  en réalisant des économies d’échelle, la grande distribution, peut présenter une incitation supplémentaire à la production nationale notamment par l’offre de débouchés et par conséquent, une valorisation de la production nationale, un moyen de développement des PME, une obligation de mise à niveau des entreprises algériennes,  un créneau et des opportunités pour les entreprises et  un cadre de partenariat gagnant-gagnant PME-Grande distribution.

Dysfonctionnement des réseaux de distribution

D’aucun sait que  si le commerce intérieur n’est pas suffisamment développé, l’offre de marchandises ou de services ne se règle pas sur la demande mais sur les capacités d’écoulement de marchandises. En ce sens, le commerce est le secteur qui permet la bonne adéquation de l’offre et de la demande. En Algérie, le commerce est tellement déréglé que des pénuries sont créées de toutes pièces par les spéculateurs qui contrôlent les prix  notamment  en périodes de fortes demandes comme le mois de ramadhan. Trop d’intermédiaires interviennent  dans le circuit de la distribution, rendant la traçabilité des produits opaque et  minimisant le profit des producteurs et parfois même les obligeant de vendre à pertes comme c’est le cas dans le secteur de l’agriculture où les marges des mandataires sont plus importantes que celles des producteurs. Une situation ubuesque qui est l’une des sources  de l’inflation dans notre pays. D’ailleurs, à ce propos  le Centre international du management de la distribution (Formadis) estime que  «La grande distribution algérienne peut être un moteur efficace de l’économie nationale, dans la mesure où elle offre aux producteurs locaux un marché immense, pour peu que ceux-ci se modernisent, se professionnalisent, sachent produire en série de qualité constante, en grande quantité et puissent livrer à temps». En ajoutant qu’ « en l’absence d’une infrastructure et d’un secteur logistique organisé et adapté, l’avenir de la grande distribution n’est pas encore tracé, au grand bonheur des petits détaillants et des réseaux de l’informel ».

Les circuits informels, source d’inflation

Sur ce chapitre, la note de conjoncture portant  le titre « tendance monétaire et financière au cours des neufs premiers mois de 2015, sous l’effet du choc externe », la Banque centrale souligne que « l’inflation structurelle, qui exclut les biens à prix volatils (biens agricoles frais), est de tendance croissante depuis février 2014, atteignant 4,2 % en moyenne annuelle à septembre 2015. Du point de vue de l’adéquation de l’offre à la demande, notamment en matière de produits agricoles frais (légumes, fruits, viandes rouges et blanches, lait), il convient de relever que l’accroissement moyen de l’offre de produits agricoles frais est proche de l’accroissement nominal moyen de la demande.

Par conséquent, la forte inflation annuelle moyenne des prix de cette catégorie de produits, de l’ordre de 8,6 %, ne s’explique pas par une insuffisance de l’offre. Plus généralement, l’ampleur de l’inflation en 2015 ne peut s’expliquer par l’inadéquation de l’offre à la demande, ni par l’expansion de la masse monétaire, qui s’est accrue à un taux historiquement bas, ni par l’évolution des prix mondiaux des produits de base importés. Il convient plutôt d’en rechercher les causes profondes dans les dysfonctionnements du marché et notamment celui des produits agricoles frais, caractérisé par une traçabilité limitée des transactions et une faible régulation ».

La grande distribution, un maillon important de la chaine économique est toujours à la traine. On se demande dès lors, comment  le gouvernement peut  mettre de l’ordre dans le commerce extérieur pour freiner la fuite des capitaux alors qu’il ne dispose pas de mécanismes  permettant la maitrise du commerce intérieur,  soumis au dictat des spéculateurs  et des barons de l’informel.

Fatma Haouari

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