Les ministres des finances du G20 ont appelé samedi à Shanghai à utiliser « tous les outils » possibles pour soutenir l’économie, y compris via des dépenses publiques accrues, face à une reprise mondiale « inégale » et exposée à une recrudescence de menaces. « Les risques et vulnérabilités ont augmenté », alors que la reprise économique, en panne, « reste bien en-deçà de nos ambitions d’une croissance forte, durable et équilibrée », ont déclaré d’emblée les ministres des Finances des pays les plus riches, à l’issue d’une rencontre de deux jours.
Les signaux d’alarme se multiplient, ont-ils constaté dans le communiqué final, pointant « la volatilité des mouvements de capitaux » et « la chute des cours des matières premières » –même s’ils reconnaissent volontiers que les violentes turbulences des marchés financiers « ne reflètent pas les fondamentaux de l’économie mondiale ». A quoi s’ajoutent « des tensions géopolitiques accrues, l’afflux de migrants dans certaines régions », ainsi que « le choc d’une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) ».
Face à cet assombrissement de la conjoncture, les membres du G20 se sont engagés « à recourir à tous les outils –monétaire, budgétaire, structurel–, à la fois individuellement et collectivement » pour « renforcer la reprise ». Le communiqué insiste notamment sur la nécessité pour les grandes banques centrales de poursuivre leurs politiques très accommodantes, déjà largement déployées. De fait, la BCE semble prête à agir plus vigoureusement; la Réserve fédérale américaine entend maintenir ses taux à un très bas niveau, et la Banque du Japon s’est même résolue à instaurer des taux négatifs.
Parallèlement, la relance budgétaire, qui consiste pour les Etats à gonfler leurs dépenses publiques en vue de conforter l’activité, devra être mise en oeuvre « de façon flexible », souligne le communiqué, avant de réaffirmer l’importance cruciale « des politiques macro-économiques structurelles ».
Le Fonds monétaire international (FMI) a aussitôt salué l’engagement des membres du G20: « Sans action collective et volontaire (…), il y a un risque que la reprise économique déraille », a averti sa directrice générale Christine Lagarde.
Les ministres ont pris conscience de la gravité de la situation. A ce sujet, le G20 a mis en garde contre « une volatilité excessive et des mouvements désordonnés des taux de change », appelant à « se concerter plus étroitement » — mais sans toutefois cibler explicitement les interventions controversées de la Chine sur sa monnaie. Le yuan a fait l’objet d’une violente dépréciation l’été dernier puis à nouveau début 2016, largement orchestrée par Pékin, ce qui avait relancé la crainte de dévaluations compétitives en cascade à travers le globe. Sous pression, Pékin a profité de la réunion de Shanghai pour rassurer tous azimuts. « Nous avons entendu, haut et fort, de la bouche du Premier ministre chinois (Li Keqiang) qu’il n’y avait aucune intention, aucune volonté, aucune décision quelle qu’elle soit, de dévaluer » le yuan, s’est ainsi félicitée la directrice du FMI.
Source AFP