Algérie Télécom est impactée par la dépréciation de la valeur du dinar. C’est ce qu’a indiqué, mercredi dernier, le PDG de l’opérateur Historique Azouaou Mehmel, invité de la sixième édition « des débats du FCE » organisée au siège du forum des chefs d’entreprises à Chéraga (Alger).
Algérie Télécom prévoit d’investir 40 milliards de dinars. “La dépréciation de la valeur du dinar risque d’impacter notre plan d’action vu que les équipements sont importés”, a averti Azouaou Mehmel, estimant que si le groupe veut maintenir le niveau d’investissements en termes de réalisation, le recours aux financements externes sera nécessaire, une action normale pour une entreprise économique.
« Nous avons une action en cours, qui sera concrétisée incessamment, d’un financement externe par un groupement de banques », a révélé M. Mehmel, indiquant que la question de l’ouverture du capital d’Algérie Télécom « n’est pas d’actualité ». Le conférencier a ajouté que cette décision stratégique relève des prérogatives « des organes sociaux et propriétaires de l’entreprise ». Le P-DG d’Algérie Télécom a indiqué que son groupe ne compte pas augmenter les prix. « Nous sommes dans une situation équilibrée. Économiquement nous n’avons pas de problèmes » a-t-il souligné.
Si l’opérateur historique ne compte pas augmenter les prix de l’Internet, il ne prévoit pas, également, de baisse. Le groupe public exclut, aussi, le recours au marché obligataire pour financer ses investissements.
Azouaou Mehmel veut faire évoluer Algérie Télécom, qui était une administration centrée sur elle-même qui s’adressait à des usagers, vers une entreprise économique qui doit être centrée sur le client. « Le client doit être le centre de notre préoccupation » a affirmé le PDG d’Algérie Télécom, soulignant la nécessité « d’une transformation de culture et de mentalité ». L’opérateur historique, a adopté un nouveau slogan « visant à communiquer clairement la volonté d’Algérie Télécom de se rapprocher et être proche de ses clients tout le temps et partout ». «Toujours plus proche» marque la rupture avec «Le bon choix».
Algérie Télécom investit dans le contenu
Opérateur d’infrastructures, Algérie Télécom se tourne de plus en plus vers le contenu. L’opérateur historique a déjà lancé la bibliothèque numérique “Fimaktabati”. Le P-DG du groupe public, Azouaou Mehmel, a annoncé, le lancement d’un service de vidéo à la demande (VOD). L’entreprise travaille, aussi, pour l’introduction des services Smart Home, Selfcare et la boutique en ligne. Azouaou Mehmel a également listé les solutions adaptées aux besoins des professionnels, comme la visiophonie, l’hébergement de sites Web…
“Pour l’instant Algérie Télécom est un opérateur d’infrastructures. L’enjeu est de pouvoir produire du contenu national qui viendrait amortir les investissements”, indique M. Mehmel, indiquant que son groupe poursuivra l’effort d’investissement. « Nous encourageons la création d’un contenu local qui peut développer les infrastructures » a- ajouté le PDG d’Algérie Télécom, relevant le manque de compétences « qui puissent accompagner ce développement ». M. Mehmel indique que « l’opérateur a besoin d’un écosystème, d’accompagnateurs, de partenaires qui vont l’accompagner dans sa mission pour pouvoir arriver au cercle vertueux de développement des TIC ».
Algérie Télécom dispose d’une infrastructure de 70.700 km de fibre optique. 10.000 km de fibre optique sont déployés en moyenne par an. La modernisation du réseau capillaire d’accès est en cours de finalisation. 3 millions d’accès nouvelle génération et plus de 830 stations 4G LTE ont été déployées. Azouaou Mehmel annonce le lancement, « incessamment » de l’ADSL à 20 mégas.
L’entreprise compte, aujourd’hui, 3,2 millions de clients à la téléphonie fixe, 2,3 millions à l’Internet haut débit et 34.000 en liaison spécialisée (LS). Le P-DG d’Algérie Télécom a évoqué, aussi, le déploiement de deux nouvelles liaisons en fibre optique Oran-Valence et Alger-Valence.
Critiques de la stratégie d’Algérie Télécom
En matière de sous-traitance, M. Mehmel a révélé la création de 463 entreprises dans le cadre du dispositif Ansej, la formation de 770 et 3.401 projets attribués. Azouaou Mehmel ambitionne de faire d’Algérie Télécom une entreprise commerciale centrée sur le client, insistant sur la nécessité de la transformation « des mentalités ».
Le P-DG d’Algérie a indiqué, par ailleurs, que des discussions sont engagées avec des groupes industriels nationaux pour fabriquer localement certains produits actuellement importés, citant la fibre optique, les accessoires de connexion, les modems, les terminaux… Certains opérateurs ont critiqués la stratégie et la politique d’Algérie Télécom.
« Les fournisseurs d’accès à Internet en Algérie (ISP) sont passés d’une centaine à quatre ou cinq » regrette Ali Kahlane, qualifiant la tarification pratiquée par Algérie Télécom « d’inique ». Ali Kahlane s’interroge pourquoi à chaque fois que l’ouverture de la boucle locale est évoquée « il y a des problèmes ». Il pense qu’Algérie Télécom est en train de « s’éparpiller ». Algérie Télécom « n’a pas la prétention de vouloir tout faire » a répondu M. Mehmel, précisant que l’objectif est de stimuler la production du contenu.
Dans son allocution introductive, le vice-président du FCE, Salah-Eddine Abdessemed a estimé que les TIC peuvent être un catalyseur dans cette phase de transition économique, évoquant l’impact sur la croissance et sur l’emploi. « Il y a une très forte corrélation entre la compétitivité de l’économie et celle des TIC » a-t-il estimé, relevant la faible contribution du secteur des TIC dans le produit intérieur brut. Alors qu’en matière de main-d’œuvre, l’Algérie est relativement bien classée, par rapport à des pays comme la Turquie et le Maroc. M. Abdessemed a indiqué que le FCE a lancé un fonds d’investissement doté de plus de 2 milliards de dinars.