C’est une véritable panique qui s’est emparée des places boursières chinoises ces dernières semaines et, sans doute encore plus hier jeudi, au point où les autorités monétaires ont été contraintes de suspendre les séances en cours. L’interdiction de vendre des actions promulguée au mois de novembre dernier pour éviter aux places financières chinoises de sombrer est, du reste, toujours maintenue sans que cela ne suffise à atteindre l’objectif de stabilisation souhaité.
Autorisées à ouvrir mercredi dernier, les principales bourses chinoises ont, en effet, été contraintes de suspendre leurs séances au bout d’à peine quelques heures. Il faut dire que l’annonce d’une dévaluation du yuan d’environ 330 points dans un pays qui connaît déjà un inquiétant ralentissement économique, n’a pas arrangé les choses en suscitant l’envie de se débarrasser de leurs avoirs en Yuan au profit de devises plus fortes (notamment le dollar).
Cette maladroite dévaluation du yuan est, malheureusement, venue corroborer les rumeurs sur les déclarations exagérément gonflées des taux de croissance réalisées par la Chine au cours de ces quatre dernières années. Des rumeurs qui malheureusement courent également au niveau de toutes les places boursières du monde.
Certains économistes français estimeraient même que le chiffre de la croissance de l’année 2015 ne dépassera pas 4% au lieu des 8% annoncés par les autorités chinoises. De quoi douter des performances économiques et financières de « la seconde économie mondiale » et provoquer la panique chez les courtiers en bourse, non seulement, en Chine mais dans le monde entier, les finances chinoises étant, comme on le sait, étroitement connectées à la finance mondiale.
Le crash d’une bourse comme celle de Shanghai ou d’une grande entreprise chinoise pourraient, affirment ces mêmes experts, entraîner des faillites en cascade dans le monde entier. Ils n’ont certainement pas tort, la crise financière de 2008 (subprimes) étant là pour nous rappeler ce risque de dérapage à grande échelle.
A l’origine de ce gros malaise financier, il y a l’essoufflement du modèle de croissance chinois basé comme on le sait sur les exportations de produits manufacturés fabriqués à coûts bas. Les augmentations substantielles de salaires, dont ont bénéficié ouvriers et cadres, ont fait que la Chine est aujourd’hui beaucoup moins compétitive que par le passé. Les commandes étrangères ont du reste beaucoup régressé au profit des pays du Sud-Est asiatique où les salaires sont beaucoup plus bas qu’en Chine (coût horaire de 1,40 dollars en Chine, 0,50 dollars au Vietnam).
La seconde économie du monde est de ce fait contrainte de changer de modèle de croissance en se tournant vers la consommation intérieure où une demande constituée de 1,3 milliards de consommateurs disposant de meilleurs revenus salariaux a besoin d’être satisfaite. L’image du chinois pauvre est en effet révolue. Les salaires ayant substantiellement évolués au cours de ces dix dernières années, les chinois sont de plus en plus nombreux à changer leurs habitudes de consommation et même à voyager à l’étranger.
Depuis que le yuan est devenu une monnaie de réserve, la Chine n’a plus besoin d’exporter pour vivre. Le nouveau challenge étant de trouver dans les toutes prochaines années, et tout porte à croire, qu’ils y arriveront, les moyens de satisfaire cette gigantesque demande intérieure.