Après de longues années de faste et d’opulence, et à l’instar des autres pays pétroliers, l’Arabie saoudite va désormais réapprendre à vivre dans l’austérité. Le Royaume wahhabite a adopté lundi son budget pour 2016, prévoyant un déficit de 87 milliards de dollars annonçant la révision des subventions sur l’eau, l’électricité et les carburants en raison de l’effondrement des prix du pétrole. Les revenus devraient être de 513,8 milliards de riyals (124,8 milliards d’euros), un plus bas depuis 2009, selon l’APS qui cite le ministère des Finances, précisant que les dépenses publiques devraient s’élever à 840 milliards de riyals (204,1 milliards d’euros).
Face à une population habitué à l’Etat-providence, le premier exportateur mondial de brut a ainsi augmenté jusqu’à 80% les prix de produits pétroliers et d’environ 70% ceux de l’électricité et de l’eau, dans le cadre d’une vaste réforme économique censée réduire la dépendance vis-à-vis du pétrole, mais qui ne manquera pas de frapper de plein fouet la classe moyenne, qui forme la majorité des habitants.
En 2015, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, a enregistré un déficit budgétaire record de 98 milliards de dollars (89,2 milliards d’euros). Outre la révision des prix de l’électricité, de l’eau et des produits pétroliers, le royaume entend aussi augmenter les taxes sur les services, imposer de nouvelles taxes et finaliser les « dispositions nécessaires pour l’introduction d’une TVA », en coordination avec les autres monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG), a précisé la même source.
Le royaume, dont la production pétrolière a atteint cette année un record de 10,4 millions de barils jour, a enregistré en 2015 un déficit budgétaire sans précédent de 89,2 milliards d’euros, soit 15% du PIB du pays estimé à 595 mds d’euros. Ryad a prévu aussi un déficit de 79,3 mds d’euros dans son budget 2016, pour la troisième année consécutive.
En 2015, les revenus ont reculé à 147,6 mds d’euros, un plus bas depuis la crise financière de 2009, et en baisse de 42% par rapport aux 253,6 mds d’euros engrangés en 2014.
Les revenus non-pétroliers sont de l’ordre de 29% cette année, soit 36,6 mds USD, représentant pour la première fois 27% de l’ensemble des revenus de l’Etat.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait prévenu l’Arabie saoudite qu’elle risquait d’épuiser ses réserves en devises en cinq ans si elle tardait à réduire ses subventions et à diversifier son économie. Le royaume a déjà puisé cette année 80 mds USD dans ses réserves, estimées fin 2014 à 732 mds USD, et levé sur le marché local 20 mds USD en bons du trésor.
M.R