Les cimenteries algériennes appartenant essentiellement au holding public GIGA et à la firme internationale Lafarge, parviennent à produire, bon an mal an, 18 millions de tonnes de ciment en Algérie. Les usines tout récemment entrées en activité et les dédoublements de capacités de certaines lignes de production, ont certes boosté de façon spectaculaire les performances productives du pays (de 11 millions de tonnes en 2010, la production nationale est passée à 18 millions de tonnes en 2014), mais sans toutefois parvenir à couvrir la demande globale qui se chiffre à environ 24 millions de tonnes.
La réalisation de nouvelles cimenteries à Biskra, Bechar et Mascara, à laquelle s’ajoutent les dédoublements de capacités de nombreuses usines du groupe GICA promettront de porter, dès la fin de l’année 2016, la production nationale largement au dessus des besoins nationaux, estimés comme écrit plus haut à 24 millions de tonnes en tenant compte des programmes de construction retenus avant la chute des prix des hydrocarbures.
Avec l’entrée en lice des nouvelles usines et dédoublements de lignes de production, il serait en effet largement possible d’atteindre 30 millions de tonnes à cette échéance, à en croire les prévisions rendues publiques par le ministère de l’industrie et des mines. Si ces prévisions venaient à se confirmer, se poserait alors le problème de trouver des débouchés au 6 millions de tonnes en excédent par rapport à la demande nationale. Le problème serait encore plus grave si, comme les autorités politiques algériennes l’ont du reste annoncé, de nombreux projets d’habitat et d’équipements venaient à être abandonnés en raison du déclin de nos recettes d’hydrocarbures. Les stocks en attente de placement sur d’autres marchés dépasseraient alors allégrement 7 millions de tonnes. Le problème nous confie un spécialiste en poste au groupe GIGA, est que la commercialisation du ciment sur les marchés internationaux requiert une expertise commerciale et des moyens de transport spécifiques que, non seulement, nous n’avons pas, mais pire encore, que nous ne sommes pas prêts d’acquérir, car encore non conscients de leur importance. Il faut des quais et des containers de grandes envergures pour pouvoir être compétitif sur ce segment de marché très concurrentiel. Il est temps, nous dit-il, de remédier à ces lacunes qui risquent de causer de graves problèmes de méventes, surtout aux cimenteries publiques, celles du secteur privé (Lafarge et autres) disposant déjà d’un réseau d’accompagnement international qui leur permettra, le moment venu, de placer leurs excédents de production sur les marchés étrangers qu’elles connaissent bien.
Le secteur public étant rétif aux changements managériaux que requiert la surproduction de ciment vers laquelle s’achemine l’Algérie pour la première fois dans son histoire, il est à craindre que les autorités politiques réagissent en annulant les projets de construction de nouvelles cimenteries, au lieu de profiter de cette aubaine pour développer l’exportation de ciments algériens magnifiquement servis, nous dit-on, par un rapport qualité-prix très avantageux. La crainte est d’autant plus plausible, qu’à une époque où nos minoteries avaient connu le même problème de surcapacités par rapport aux besoins du marché local, les autorités algériennes n’avaient rien trouvé de mieux que d’annuler tous les projets de réalisation de nouvelles unités, plutôt que d’enclencher une dynamique d’exportation des surplus de production que l’Algérie avait la chance de pouvoir dégager.
N.G